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L’artiste-médiateur encourage les participants à faire la ligne jusqu’au bout, à prendre le temps de s’ajuster si nécessaire, jusqu’à ce que le groupe se déclare satisfait du résultat.
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L’artiste-médiateur encourage les participants à faire la ligne jusqu’au bout, à prendre le temps de s’ajuster si nécessaire, jusqu’à ce que le groupe se déclare satisfait du résultat.
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Commencer par les arts paraissait troublant. « — Quoi, vous prétendez renouveler la politique en nous proposant de nous mettre en ligne, puis en tas, puis en cercle ? Mais quoi, vous nous prenez pour des gamins de sixième ? — Mais quand même, pourquoi nous faire émettre des sons, en commun, par mille astuces, est-ce que par hasard vous nous prenez pour des vieillards dans un Ehpad à qui il faudrait rafraichir la mémoire par les tubes de leur enfance ? — Attendez, apprendre à émettre un son qui vous mette en résonance avec un participant qui se trouve en face de vous, c’est déjà commencer à changer de répertoire. » La « ligne d’Alloue » nous confirmait dans notre décision de ne jamais partir de l’expression d’opinion, parce que l’émetteur de ces opinions n’avait pas la bonne amplitude ou ne sonnait pas dans la bonne tonalité. En effet, le « moi je pense que… » « j’ai mes opinions à moi… » « je tiens à mes valeurs et elles sont inébranlables… », tout ce répertoire d’action, peut-être bien adapté avant la tragédie climatique, mais il n’est plus très opérant quand il s’agit de prendre position devant de nouveaux êtres, ces êtres qui sont précisément en train de faire irruption dans les provinces : le CO2 qu’est-ce qu’il fait là ? Les insectes, comment sentir et sonoriser leur disparition ? Les drames de la globalisation, ça se dit comment ? La mobilité ? La montée des eaux ? La fonte des glaces ? La disparition des anciens métiers ? La misère des petits bourgs ? La délocalisation des entreprises ? L’arrivée des migrants ? Le silence nouveau de la campagne-désert ? Le climat ? Quel est le « je » capable d’absorber de telles questions et de s’exprimer justement à leur propos ? ( … )
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Commencer par les arts paraissait troublant. « — Quoi, vous prétendez renouveler la politique en nous proposant de nous mettre en ligne, puis en tas, puis en cercle ? Mais quoi, vous nous prenez pour des gamins de sixième ? — Mais quand même, pourquoi nous faire émettre des sons, en commun, par mille astuces, est-ce que par hasard vous nous prenez pour des vieillards dans un Ehpad à qui il faudrait rafraichir la mémoire par les tubes de leur enfance ? — Attendez, apprendre à émettre un son qui vous mette en résonance avec un participant qui se trouve en face de vous, c’est déjà commencer à changer de répertoire. » La « ligne d’Alloue » nous confirmait dans notre décision de ne jamais partir de l’expression d’opinion, parce que l’émetteur de ces opinions n’avait pas la bonne amplitude ou ne sonnait pas dans la bonne tonalité. En effet, le « moi je pense que… » « j’ai mes opinions à moi… » « je tiens à mes valeurs et elles sont inébranlables… », tout ce répertoire d’action, peut-être bien adapté avant la tragédie climatique, mais il n’est plus très opérant quand il s’agit de prendre position devant de nouveaux êtres, ces êtres qui sont précisément en train de faire irruption dans les provinces : le CO2 qu’est-ce qu’il fait là ? Les insectes, comment sentir et sonoriser leur disparition ? Les drames de la globalisation, ça se dit comment ? La mobilité ? La montée des eaux ? La fonte des glaces ? La disparition des anciens métiers ? La misère des petits bourgs ? La délocalisation des entreprises ? L’arrivée des migrants ? Le silence nouveau de la campagne-désert ? Le climat ? Quel est le « je » capable d’absorber de telles questions et de s’exprimer justement à leur propos ? ( … )
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D’où là l’importance décisive des arts. Les bords de votre « moi » changent parce que vous apprenez, par des exercices bien choisis, à écouter, à entrer en résonance avec d’autres manières d’être. Si l’on change de pays, ce qui est, après tout, le but de l’atterrissage, forcément, on change aussi de façons de se comporter. « La politique, dit-on, est l’art du possible » — encore faut-il qu’il y ait des arts pour multiplier les possibles…
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D’où là l’importance décisive des arts. Les bords de votre « moi » changent parce que vous apprenez, par des exercices bien choisis, à écouter, à entrer en résonance avec d’autres manières d’être. Si l’on change de pays, ce qui est, après tout, le but de l’atterrissage, forcément, on change aussi de façons de se comporter. « La politique, dit-on, est l’art du possible » — encore faut-il qu’il y ait des arts pour multiplier les possibles…
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