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_Rencontrée à la _ Maison jaune le 19 Juin 2017.
Est-ce que vous pouvez me parler un peu de la Maison Jaune ?
C’est une maison de quartier qui a ouvert au mois de Novembre. L’idée c’est que cet espace soit mis à disposition des habitants, qu’on y organise des choses mais aussi qu’il y ai de la place pour leurs propres initiatives. Le but n’est pas qu’on arrive avec déjà des projets x ou y fermés, car il y a pas mal d’habitants du coin qui ne sortent pas si facilement de chez eux donc on essaye de trouver un moyen de les impliquer d’avantage et de les amener à s’approprier aussi les lieux. Les enfants font pas mal le lien car ils sont curieux et pas trop timides, ils viennent voir ce qui se passe et participent. Et parfois, les parents découvrent à travers eux, en venant les chercher. Mais c’est un vrai travail…
Comment s’est créé le collectif ? Est-ce que vous vous connaissiez déjà ?
Non pas du tout, moi j’ai eu vent de l’ouverture de ce lieu en octobre dernier, en passant dans le coin. Je cherchais justement un local pour mon projet de tricot et j’ai contacté Julia qui s’occupait un peu d’organiser tout ça et qui cherchait à s’entourer pour enclencher des dynamiques avec le voisinage. On se réunit tous les lundi soirs pour structurer le collectif, avec de nouvelles personnes qui s’impliquent au fur et à mesure.
Est-ce que vous pouvez m’en dire un peu plus sur le projet de tricot que bous venez d’évoquer ?
Ce projet de tricot à été démarré au mois de Fevrier. Globalement c’est un projet de tricot solidaire. L’idée était, au vu de la grosse vague de froid, de réaliser avec la participation de public des carrés de laine de 30cm de côté assemblés en couvertures. Ces couvertures sont à destination de la Croix Rouge et distribuées lors des maraudes. L’envie était aussi que chacun, tout âge confondu, puisse participer à sa manière, en venant pour tricoter, pour apprendre ou pour transmettre. Il y a beaucoup de dames expérimentés qui ont formés des débutants, même des petits. Beaucoup d’enfants sont revenus après avoir appris comme ça, pour continuer leurs œuvres. Ils se sont pris au jeu et je garde leurs petits tricots de semaines en semaines. J’ai aussi lancé un appel à dons de laine et j’ai reçu des colis de laine de plusieurs villes de France par des personnes qui avaient eu vent du projet à travers la page Facebook. J’ai reçu comme ça des boîtes à chaussures remplie de pelotes venus de Paris mais aussi de Bretagne, de Nice.. j’ai même eu un message d’une personne dans un petit village d’Ardèche, qui m’a écrit en me disant qu’elle tricoterait des petits carrés de laine pour nous les envoyer. Des habitants de Saint-Denis m’appellent ou me contactent sur internet pour me dire qu’ils ont vus nos communications papier ou autre, pour me prévenir qu’ils ont de la laine à offrir. Le projet est aussi nomade, ce qui nous permet au fil du temps de rencontrer et de rallier d’avantage de personnes et d’ouvrir le réseau initial. D’ailleurs on a l’envie de participer à des événements nationaux. Dans le symbole, c’est un projet fort, ce que j’appelle le «Fil participatif» : le tricot nous permet de tisser du lien. La mixité qu’on y retrouve est forte entre les catégories sociales, les cultures, les générations et ça a répondu à beaucoup d’attente en terme de convivialité mais aussi de bien être. Parce que le tricot c’est aussi un moment de méditation et d’échange, les gens se rencontrent. Il y a quelques temps, chez l’imprimeur, je faisais mes photocopies de flyers pour un évenement à la Maison Jaune. Au moment de régler j’ai posé mes copies sur le comptoir. Une dame était derrière moi et a vu « tricot » et m’a demandé ce qu’était l’événement. Je lui ai donc expliqué que c’était à la Maison Jaune, en quoi consistait le tricot partage, et elle est venue. Depuis, elle vient régulièrement et nous sommes assez liées. On s’est donc rencontrée par ce heureux hasard et il se trouve que j’aurais fait mes photocopies 10 min avant ou 10min après ça n’aurait peut-être jamais eu lieu.
Lorsque j’évoque le questionnement du projet sur la notion de réseau, de connexion et des outils numériques dans nos échanges, Pascale réagit :
C’est vrai que l’outil numérique permet d’agréger des personnes qui ne sont pas forcément disponibles en temps et en heure, ou n’ont pas la possibilité de se déplacer, mais qui souhaitent quand même être informés, de participer et d’être tenus au courant des activités. Pour nous, en tant qu’association – avec la Maison Jaune - c’est une problématique intéressante et qui nous concerne directement.
Quel pratique vous avez du numérique et du web ?
J’en ai un usage très régulier. Les échanges de mails sont quotidiens surtout dans le travail mais j’utilise aussi beaucoup les réseaux sociaux comme Facebook ou même instagram que j’utilise depuis très peu de temps essentiellement pour communiquer sur les projets, avoir de la visibilité. C’est un peu comme une vitrine de projet. Sur Facebook, j’ai ma page professionnelle pour mon travail de plasticienne, une page plus privée où je partage les petites choses que j’aime et j’ai crée une page spécifique au projet de tricot partage pour pouvoir communiquer facilement avec les participants.
Est-ce que vous avez vécu la coupure Internet d’il y a quelques semaines ? Est-ce que cela a impacté votre quotidien ?
Oui, j’ai été coupé pendant une dizaine de jours et forcément, ça impact : on regarde moins souvent les mails, on est un peu moins "au courant ". On est un peu coupés du reste, des information et du réseau professionnel. Je ne dirais pas que ça ai impacté le plan "social" par contre. Ca retarde, c’est sûr, mais ça n’a pas été l’objet d’une rupture de contact. C’est surtout la fluidité des recherches et de l’information que ça entrave.
Globalement, comment est-ce que vous communiquez sur vos projets ?
Pour le tricot-partage, je communique les horaires et dates de rencontre surtout par mailing. Et par des affiches et des flyers dans le quartier.
Est-ce que vous pensez que vous auriez moins de monde présents aux rencontres de tricot sans la diffusion sur les réseaux web ?
Oui sans doute, même s’il y en a certains qui viennent parce qu’ils ont vu l’affiche, ou un des flyers car j’en dispose un peu partout, mais c’est vrai que la communication papier et la communication numérique sont vraiment complémentaires. Certains utilisent les deux régulièrement mais d’autres sont beaucoup moins familiers de l’outil informatique. Il y a des personnes qui n’ont pas d’e-mail et ne sont joignables que par téléphone, voire qui n’ont pas de téléphone portable. Je crois aussi que c’est bien de ne pas uniformiser l’information, je remarque que même les personnes habituées à communiquer par mail ou à se renseigner sur internet aiment bien avoir le petit papier qui récapitule les information à mettre dans le sac ou à placarder sur le frigo.
Comment est-ce que vous êtes relié au tissu associatif environnant ?
Déjà il faut dire qu’à saint Denis il y a énormément d’associations, qui balayent un éventail énorme. Que ce soit artistique, culturel, sportive, très militantes ou autour des cultures. On a beaucoup d’assos qui représentent des communautés d’à travers le monde. Il y a beaucoup de bouche à oreille mais il y a aussi la Maison de la vie associative qui regroupe la communication des différentes structures. On a aussi le journal de Saint Denis qui fonctionne bien et où il y a un espace pour les assos, publier des annonces etc. Et puis y’a quelques lieux emblématiques ou l’on dépose nos flyers, comme la crêperie La Bigoudène ou beaucoup de gens se retrouvent le matin pour boire le café, le cinéma, la maison de la vie associative..