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Sur Skype,_ le_ 6 Juillet 2017. Marie a été l’enseignante de Loyce, qui m’a envoyé vers elle, et c’est Bachir qui nous a mis en contact par mail.
Dans un premier temps, pouvez-vous m’en dire plus sur votre rapport au territoire de Saint Denis ?
J'habite Paris mais je suis professeur à Paris 8 depuis 4 ans. Il y a un metro qui va directement de Paris à L’université, sans avoir à traverser la ville par l’extérieur. C’est donc très facile de circonscrire son réseau exclusivement à l’université et beaucoup de gens qui fréquentent cette FAC n’ont jamais marché autour. Ce que j’essaye de faire dans certain de mes séminaires à l’université c’est justement d’essayer d’en sortir, de cette université, et de comprendre comment on peut travailler dehors. Le dehors qu’on a choisi c’est justement Saint-Denis et en l’occurence, ça a été le centre ville. Dans le centre ville il y avait Synesthésie notamment qui était un point de raccordement et que je connaissais avant d’être enseignante lorsqu’ils avaient leurs locaux sur les bords du canal. Donc on a travaillé avec Synesthésie et également un autre lieu qui s’apelle La Maison Jaune ,que j’ai rencontré par Line qui m'a parlé de l’existence de ce lieu et j’ai fait un cours là bas. On était à chaque fois sur la dalle.
C’est donc à travers votre travail d’enseignante que vous découvrez vous-même ce territoire ?
C’est ça, par le travail artistique au départ et puis ensuite par le travail à la Fac, les deux en même temps en réalité. Les projets que je mène ici, pour ma propre pratique ou en tant qu'enseignante avec mes étudiants, favorisent les rencontres et les découvertes.
Quels moyens utilisez-vous pour prendre connaissance du territoire de Saint Denis ?
A l’occasion d’une exposition pour laquelle on m’avait contacté, j’avais travaillé sur la figure de Saint Denis et là j’avais pris contact avec des associations à la fois en faisant des recherches et via des contacts que j’avais déjà. J’avais travaillé avec un architecte urbaniste et avec une personne de la Federation Française de Randonnée avec qui on avait organisé des marches [](http://www.marie-preston.com/fr/Projets/Saint-Denis/?target=_blank&classes=linkext) sur la plaine entre Paris et Saint Denis. Après par contre lorsque j’étais à la Fac c’était surtout des contacts établis par bouche à oreille, ormis un contact qui est celui avec l’AMAP qui est très singulière. Eux je les ai rencontré en les appelant.
Comment communiquez-vous avec vos étudiants ?
Ca dépend, dès qu’on arrive à des niveaux type licence 3, master.. je leur envoie quasi systématiquement un mail avant chaque séance pour leur donner des rendez-vous car je suis beaucoup en mouvement dans mes cours. Ensuite lorsqu’on commence à finaliser des projets et que tout s’accélère on travail beaucoup avec les outils numériques car je ne peux pas forcément être très présente, ni les étudiants, donc ce sont des supports qui nous sont très utiles notamment en terme d’organisation. On est plus dans la même temporalité, tout s’accélère, et comme je ne peux pas toujours être présente il faut que le projet soit autonome. Ne serait-ce que pour produire un flyer, organiser une exposition, on peut travailler en commun sans être disponibles au même moment.
Avez-vous été touchée par la coupure du reseau internet qui a duré quelques temps dans Saint Denis recemment ?
On ne l’a pas vécu à la Fac mais on travaillait justement pour un atelier à Synesthésie à ce moment là avec Bachir et on y a été confronté effectivement.
Comment ça s’est ressenti sur le travail ?
On a essayé de s’adapter mais les étudiants avec qui on travaillait étaient des licence 2 et je crois que par la vision de l’université qu’ils ont, qui doit être performante, ils sont restés un peu perplexe sur nos stratégies d’adaptation "créatives". On a surtout utilisé la 4G de nos smartphones, reliés à nos ordinateurs. Mais les étudiants ne sont pas tous équipés de la même façon donc ça n’était pas toujours très simple. C’est aussi un moment ou on a pu ressentir qu’effectivement les étudiants de Paris 8 n’ont pas toujours beaucoup de moyens financier et que de là, le numérique n’arrive pas à la même vitesse pour tout le monde. On a été confrontés à cette coupure que sur le temps d’une séance mais on a surtout noté un ralentissement. Ce n’était pas plus mal car ça a nous a obligé a être créatif et trouver d’autres façons de faire, mais simplement le temps de l’adaptation ralenti le processus.
De façon plus quotidienne, comment décririez-vous votre pratique du numérique et du web ?
Je communique éssentiellement par mail donc c’est vraiment fondamental pour moi, j’envoie bien plus facilement un mail que je passe un coup de fil. Notamment dans certaines circonstances ou il faut expliquer en detail des choses. Sinon je m’en sers beaucoup pour faire des recherches, comme un espace de connaissance. J’actualise mon site internet [](http://www.marie-preston.com?target=_blank&classes=linkext)et j’ai deux blogs pédagogiques ou j’essaye de poster des choses «utiles». Internet propose des lieux de recherche sur la pédagogie collective ou je peux toucher plus d’étudiants aussi.
Avez-vous conscience de pouvoir être un point de connexion entre des individus ?
Oui c’est quelque chose dont je suis tout à fait consciente notamment dans mon rôle d’enseignante où c’est assez fondamental ne serait-ce que pour créer des groupes de travail. Après dans ma pratique artistique aussi car je travaille beaucoup en collaboration et chaque projet vise à réunir des personnes pour créer ensemble. Il m’arrive donc d’être moteur de mises en relations, c’est sûr. Je le travaille pas comme tel mais ça m’interesse aussi d’imaginer que les relations se créent hors de ma présence ensuite et que des choses que j’ai pu contribuer à initier prennent leur autonomie.
Est-ce que vous pouvez me parler un peu de quelques projets que vous avez menés à Saint-Denis ?
Je peux vous parler justement de projets, d’ateliers, qu’on a menés cette année. L’un d’eux, organisé avec des étudiants de master, projet portait sur l’oralité avec le présupposé que l’oralité est une des formes constitutive des pratiques collaboratives. Soit des pratiques ou l’oralité est sous une forme exclusivement conversationnelle, soit des pratiques ou la conversation est nécessaire pour mettre en œuvre un projet collectif. On travaillait sur la prise de parole, qu’est-ce que ça veut dire de prendre la parole, publiquement, et comment on donne la parole. Comment dans l’espace public on laisse la place à l’autre de s’exprimer et sous quelles modalités on favorise la rencontre Avec des licences 2 j’ai fait un projet un peu similaire et on a fait quelques séances à Synesthésie avec Bachir qui consistait à donner une forme à un collectage d’anecdotes que les étudiants avaient enregistrés auprès de leur familles. Le but était ensuite de donner une forme textuelle collective sur Framapad [](https://framasoft.org/en/?target=_blank&classes=linkext), l’idée était de collaborer sur un texte collectif à partir d’un outil collaboratif.
Pourriez-vous me mettre en contact avec une personne également liée au territoire de Saint-Denis ?
Je vais te mettre en contact avec une étudiante, Victoria, qui justement aime travailler cette notion de réseaux, notamment alternatifs et militants, dans Saint-Denis et en dehors.