texte_source~20171217-154309.txt 2.4 KB

123
  1. Le rapport entre la raison, la folie et la mort, est une économie, une structure de différance dont il faut respecter l'irréductible originalité. Ce vouloir-dire-l'hyperbole-démonique n'est pas un vouloir parmi d'autres; ce n'est pas un vouloir qui serait occasionnellement et éventuellement complété par le dire, comme par l'objet, le complément d'objet d'une subjectivité volontaire. Ce vouloir dire, qui n'est pas davantage l'antagoniste du silence mais bien sa condition, c'est la profondeur originaire de tout vouloir en général. Rien ne serait d'ailleurs plus impuissant à ressaisir ce vouloir qu'un volontarisme, car ce vouloir comme finitude et comme histoire est aussi une passion première. Il garde en lui la trace d'une violence. Il s'écrit plutôt qu'il ne se dit, il s'économise. L'économie de cette écriture est un rapport réglé entre l'excédant et la totalité excédée : la diffêrance de l'excès absolu.
  2. Définir la philosophie comme vouloir-dire-l'hyperbole, c'est avouer — et la philosophie est peut-être ce gigantesque aveu — que dans le dit historique en lequel la philosophie se rassérène et exclut la folie, elle se trahit elle-même (ou elle se trahit comme pensée), elle entre dans une crise et en un oubli de soi qui sont une période essentielle et nécessaire de son mouvement. Je ne philosophe que dans la terreur, mais dans la terreur avouée d'être fou. L'aveu est à la fois, dans son présent, oubli et dévoilement, protection et exposition : économie. Mais cette crise en laquelle la raison est plus folle que la folie — car elle est non-sens et oubli — et où la folie est plus rationnelle que la raison car elle est plus proche de la source vive quoique silencieuse ou murmurante du sens, cette crise a toujours déjà commencé et elle est interminable. C'est assez dire que si elle est classique, elle ne l'est peut-être pas au sens de l'âge classique mais au sens du classique essentiel et éternel, quoique historique en un sens insolite. Et nulle part et jamais le concept de crise n'a pu enrichir et rassembler toutes les virtualités, toute l'énergie aussi de son sens, autant, peut-être, qu'à partir du livre de Michel Foucault. Ici, la crise, c'est d'une part, au sens husserlien, le péril menaçant la raison et le sens sous l'espèce de l'objectivisme, de l'oubli des origines, du recouvrement par le dévoilement rationaliste et transcendantal lui-même. Péril comme mouvement de la raison menacée par sa sécurité elle-même, etc.